l’évaluation des résultats
Les documents traditionnels écrits (revues et ouvrages académiques) sont édités par des organismes (éditeurs, sociétés savantes) dont la notoriété apporte une garantie de sérieux du contenu de ces documents. Sur le Web, en revanche, n’importe qui peut mettre en ligne n’importe quoi. Avant d’utiliser (de citer) tout document trouvé sur le Web, il conviendra donc de prendre quelques précautions et de distinguer les documents en provenance de sites d’organismes connus ou reconnus d’une part (universités, sites de revues en ligne, sites de spécialistes reconnus dans leur domaine) et ceux en provenance de pages personnelles mises en ligne par des individus.
Quel que soit le type de document trouvé et quel que soit le type du site qui l’hégerge, il convient d’appliquer les règles habituelles de la critique externe du document, que l’on peut formuler au moyen des 6 questions suivantes :
QUI ? QUOI ? OÙ ? QUAND ? COMMENT ? POURQUOI ?
Ces questions doivent être prises ensemble, et la décision de considérer comme fiables les informations doit venir de la convergence des réponses qu’on obtient.
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NOTE
Pour la structure de cette leçon je suis redevable au site de la Commission Français et Informatique >> de la FESeC (Belgique).
Qui est l’auteur du document ?
L’auteur d’une information est le premier responsable de celle-ci. Il est donc important de pouvoir l’identifier et déterminer ses compétences.
Questions
- L’auteur du document est-il clairement identifié ?
- Dans le cas d’un article publié dans une revue en ligne, le nom de l’auteur (ou des auteurs) est clairement indiqué dans le sommaire des articles de la revue ainsi qu’en tête de l’article lui-même.
- Dans le cas d’un document faisant partie du site d’un organisme officiel ou commercial, le nom de l’auteur ou du rédacteur n’est pas toujours mentionné.
- Dans le cas d’un site personnel, le seul renseignement mentionné est parfois une adresse de courriel.
Page personnelle d’un universitaire français : Christine Develotte >>
Page personnelle d’un universitaire américain : Jack Lynch >>
- Quelles sont les compétences de l’auteur ou des auteurs?
Sont-elles clairement énoncées?
- Dans un article publié en ligne, l’appartenance de l’auteur à
une institution, ses titres, son activité de recherche, sont
normalement mentionnés.
À propos de l’auteur
François MANGENOT est professeur des universités en sciences du langage à Besançon (université de Franche-Comté), responsable du DESS "Ingénierie pédagogique dans des dispositifs ouverts et à distance". Membre du LASELDI ( EA 2281, Besançon) ainsi que de l’ UMR FRE 2546 (École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines : ENS LSH , Lyon), il s’intéresse depuis une quinzaine d’années aux apports des systèmes informatiques à l’apprentissage des langues (étrangères et maternelle) et à la formation des enseignants.
Source : revue Alsic >>
- Dans un article publié en ligne, l’appartenance de l’auteur à
une institution, ses titres, son activité de recherche, sont
normalement mentionnés.
- L’auteur fait-il référence à des publications antérieures, parues
dans des périodiques imprimés ou publiés sur le Web et faisant
autorité ?
- On trouve ces renseignements dans la rubrique Références des articles.
- Y a-t-il moyen de vérifier le sérieux d’une organisation si elle
n’est pas connue?
- Ce n’est pas facile, mais vous pouvez considérer que, si un organisme ou une source qui vous est inconnue est citée par plusieurs autres sources que vous savez être sérieuses, la source inconnue sera sérieuse elle aussi.
- Qui est l’éditeur du document?
- En dehors des sites personnels, l’éditeur d’un document ou d’un site Web est l’organisme ou le webmestre responsable du site. Le nom du serveur peut vous donner une indication sur la nature de l’organisme éditeur du site. Ce nom se trouve habituellement au début de l’adresse URL, entre http:// et le premier /. Voici quelques exemples :
http://www.washingtonpost.com/ The Washington Post newspaper (site commercial)
http://www.harvard.edu/ Harvard University (site universitaire)
http://dictionary.cambridge.org/ Cambridge University Press Dictionaries (éditeur)
QUOI ?
Comme nous l’avons vu dans les leçons précédentes, la recherche d’une information à l’aide d’un moteur de recherche ou dans un annuaire peut amener un nombre élevé de résultats. Lors de la phase de “tri” de ces résultats vous devez parcourir les descriptifs et résumés du contenu des sites et documents trouvés en vous posant des questions vous permettant d’éliminer les résultats inintéressants pour votre travail de recherche.
Question lors de la lecture des résumés
- Quel est le sujet ou le thème général annoncé dans le résumé ? Ce sujet correspond-il bien à votre thème de recherche ?


Questions à propos d’un site
- L’information fournie est-elle unique ?
- Existe-t-elle sur plusieurs sites? Existe-t-il des liens entre ces sites?
- A quel public s’adresse-t-on (spécialiste, général, initié, ...) ?
- Le traitement du sujet est-il exhaustif ?
OÙ ?
En règle générale, l’adresse d’un site Web est intéressante, car elle apporte de précieux renseignements. Il faut en particulier examiner le nom du type de domaine, qui se situe entre http:// et le premier slash /. Par exemple, l’adresse http://www.humanities.wisc.edu/contact/ appartient à un domaine de type “organisme d’éducation américain”. Le tableau suivant vous aidera à vous y repérer.
les noms de domaines à trois lettres |
|
---|---|
.com |
domaine commercial (entreprises, grandes organisations commerciales, comme Microsoft.com, etc.) |
.net |
en principe domaine des réseaux (comme CERF.net, NSF.net) en réalité toutes sortes de sites |
.org |
organisations à but non lucratif (associations... mais aussi individus comme le site http://rezeau.org) |
ces 3 premiers noms de domaines peuvent être hébergés n’importe où dans le monde |
|
.edu |
éducation (école, université, etc. aux USA) |
.gov |
gouvernement américain |
.mil |
armée américaine |
ces 3 noms de domaines sont uniquement états-uniens |
|
les codes nationaux à deux lettres |
|
.au |
Australie |
.be |
Belgique |
.fr |
France |
.eu | Europe |
etc. |
|
sous-catégories ou sous-domaines |
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.gouv.fr |
gouvernement français (ex. http://www.education.gouv.fr/) |
.gov.uk |
gouvernement du Royaume-Uni (ex. http://www.royal.gov.uk/) |
.uhb.fr
|
.uhb est un sous-domaine du domaine .fr remarque…ce qui n’est pas le cas avec le code .uhb que l’université de Rennes 2 a choisi en dehors des conventions adoptées par la plupart des autres universités françaises… Dans certains cas le nom du sous-domaine permet facilement d’identifier la nature de l’organisme ou de la société commerciale. Exemples :
|
Note.- Les fonctions avancées
des moteurs de recherche vous permettent de spécifier un nom de
domaine sur lequel effectuer votre recherche.
Pages personnelles
On aurait tort de penser que seuls sont valables les documents publiés sur les sites Web d’organismes officiels, d’universités ou d’éditeurs reconnus. De nombreuses pages personnelles contiennent des documents intéressants. En particulier de nombreux universitaires et chercheurs publient des documents sur leur page personnelle, que celle-ci soit hébergée sur le serveur de leur université ou sur un site complètement personnel et “non-officiel”. Un indicateur courant d’une page personnelle publiée sur un site officiel est le tilde (~) comme par exemple dans l’adresse du site de Jack Lynch, professeur à Rutgers University : http://andromeda.rutgers.edu/~jlynch/.
QUAND ?
Un des avantages d’Internet est de fournir des informations presque en temps réel. L’inconvénient est le manque du recul nécessaire pour confronter l’information trouvée avec d’autres sources. Dans le domaine des lettres et de la littérature, les documents les plus récents ne sont pas nécessairement les plus pertinents. En revanche, dans les domaines de la civilisation (contemporaine), de la linguistique et de la didactique, la date des documents trouvés ainsi que la date de dernière mise à jour des sites consultés sont importantes à prendre en considération.
Questions:
- Quelle est la date de création du site? Quelle est celle de sa dernière mise à jour ? Cette date est-elle affichée dans la page ?
- Les liens vers d’autres sites sont-ils à jour ? Existe-t-il
beaucoup de liens brisés ?
- Etant donné la labilité des sites sur le Web, les changements d’adresse, de nombreux liens ne mènent nulle part, on dit qu’ils sont morts, ou brisés. Dans un site Web régulièrement mis à jour, le responsable du site vérifie périodiquement la validité des liens vers d’autres sites. Si vous constatez la présence de nombreux liens brisés sur un site, ce peut être un indice que le responsable du site n’est pas sérieux ou que le site n’est plus mis à jour.
Comment ?
Les informations peuvent être rédigées ou chiffrées.
Des informations chiffrées n’ont de valeur que si elles sont datées et si la source officielle est clairement indiquée.
Des informations rédigées peuvent être présentées comme neutres ou polémiques. A priori on peut s’attendre à des informations plus objectives et neutres sur les sites d’organismes officiels (gouvernements, ministères, universités) que sur des pages personnelles. Cependant, toute information est susceptible d’être biaisée et il convient d’exercer votre esprit critique.
Bien que l’ergonomie et l’esthétique d’un document ou d’un site ne soient pas des indicateurs infaillibles de la validité de leur contenu, méfiez-vous des sites brouillons ou mal organisés : une présentation peu soignée est souvent la marque d’un contenu peu valable.
Questions
- Les ressources sont-elles bien organisées et présentées de façon logique ?
- S’il s’agit d’un site multimédia, quelle est la qualité visuelle et sonore des documents proposés?
- Les liens sont-ils complets, pertinents et
appropriés?
- Les liens sont un peu comparables aux références dans les travaux scientifiques et universitaires. L’auteur d’un site ou d’un document Web qui vous invite à visiter d’autres sites ou documents semblables aux siens confirme la validité de ses affirmations en citant ses sources. Il vous invite en outre à comparer ses affirmations avec celles en provenance d’autres sources, ce qui peut être un gage de fiabilité.
- Sont-ils évalués ou commentés?
- Exemples de liens commentés :
- la rubrique Toilthèque >> de la revue Alsic.
- les sites recommandés par le SCD de Rennes 2 pour Langues & civilisations étrangères >>
- Exemples de liens commentés :
- Sont-ils relativement exhaustifs sur le sujet, ou servent-ils d’illustration?
- Ont-ils tous un rapport avec le sujet traité?
- Un certain nombre de pages personnelles ne donnent comme ressource rien d’autre que des listes de liens vers d’autres sites. Le plus souvent, le webmestre a seulement recopié ces listes sur d’autres sites semblables, sans se donenr la peine de vérifier leur validité ou leur intérêt. Ces pages Web sont à fuir…
- Le type de langage employé est-il
familier ou scientifique ?
- Dans le cadre d’un travail de recherche universitaire vous ne pouvez pas utiliser (c’est-à-dire citer) des documents non scientifiques. Vous devez donc vous assurer que le document trouvé sur le Web offre toutes les garanties d’un article de type scientifique : article publié dans une revue en ligne, extrait d’ouvrage (thèse, etc.), extrait de cours d’un universitaire.
- La seule exception est l’utilisation de documents Web au titre de “documents primaires” sur lesquels porte l’analyse qui fait l’objet de votre travail de recherche. Par exemple vous pourriez utiliser des échanges sur des forums d’enseignants de langues pour une analyse des conceptions actuelles en didactique des langues ou pour une analyse conversationnelle.
- Les documents sont-ils rédigés dans une langue correcte
(orthographe et grammaire) ?
- La correction de la langue d’un document trouvé sur le Web sera un élément déterminant quant à sa validité. Un texte rédigé dans une langue approximative et incorrecte ne peut évidemment pas être cité tel quel ; en outre, cette mauvaise qualité de la langue est très probablement l’indice d’une mauvaise qualité du contenu du document lui-même.
- Notez au passage que ce qui s’applique aux autres s’applique à vous-même. Quelles que soient les qualités de fond de votre travail de recherche, si sa rédaction est entachée de fautes de langue grossières votre lecteur aura du mal à croire à la valeur de votre argumentation.
- Le site propose-t-il un corpus cohérent et complet, ou bien
est-il “en construction” ?
- Un site peut être “en construction” et présenter néanmoins des documents tout à fait valables. Il faut juger les documents présents sur le site au cas par cas.
Pour en savoir plus sur les erreurs à ne pas commettre dans le design d’un site Web : Top Ten Mistakes in Web Design >>
Pourquoi ?
On s’intéresse ici aux motivations de l’auteur d’un site Web. Mettre des informations sur le Web coûte du temps et de l’énergie, et donc suppose qu’on en retire un certain profit.
En ce qui concerne les sites personnels, les motivations peuvent être :
- la satisfaction d’un ego qui sait qu’il sera lu ;
- le plaisir altruiste de rendre service à la collectivité ;
- la volonté prosélyte de diffuser des idées.
En revanche, les sites des organismes officiels ont une vocation naturelle à diffuser de l’information, et leur présence sur le Web n’est que le prolongement naturel de leurs canaux d’information traditionnels (papier, médias).
Il faudra être particulièrement méfiant envers les sites commerciaux et plus précisément à ceux qui n’annoncent pas clairement la couleur. Autant il est évident que les sites marchands de la FNAC, de Microsoft, de Amazon ou Alapage affichent clairement leur but de vous vendre leur marchandise, autant de nombreux sites se présentent comme un service, une association, et déguisent habilement leur intention de vendre.
Questions
- Quel est le but du site ? Ce but est-il énoncé
clairement ? Y a-t-il un résumé du contenu du site sur la page
d’accueil ?
- Recherchez sur la page d’accueil du site une rubrique intitulée À propos de ou En savoir plus (About en anglais).
- Exemples:
- L’information est-elle gratuite, comme un service à la communauté? Y a-t-il des publicités sur le site? Si oui, ont-elles un rapport avec les informations que vous cherchez?
- Les publicités sont-elles clairement séparées du contenu des documents?
- Le site est-il clairement identifié comme site commercial (qui a un produit ou un service à vous vendre) ?
ATTENTION - ATTENTION - ATTENTION
Une recherche sur un ouvrage littéraire ou un nom d'auteur effectuée sur le Web peut vous amener à un site (en général américain) où l'on vous proposera d'acheter une dissertation ou un mémoire de recherche tout rédigé (term paper, essay, dissertation). De telles pratiques sont évidemment malhonnêtes dans la mesure où il s'agit en fin de compte pour un étudiant de faire passer un texte écrit par un autre pour son propre travail. Ne tombez pas dans ce piège !
Exemple :
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- En ce qui concerne les sites des revues scientifiques et universitaires en ligne, par exemple, il faut bien distinguer ceux qui proposent le texte complet des articles en ligne, gratuit ou payant, ou uniquement les résumés en ligne, les articles étant disponibles sous forme papier (abonnement payant à la revue). On trouve tous les cas de figure, comme vous pourrez le constater sur les sites suivants.
érudit >> Revues.org >> CERCLES >> The South Atlantic Quarterly >>
QUI ? QUOI ? OÙ ? QUAND ? COMMENT ? POURQUOI ?
Rappel : ces questions doivent être prises ensemble, et la décision de considérer comme fiables les informations doit venir de la convergence des réponses qu’on obtient.
<< 4. les stratégies de recherche | 6. les ressources pour les langues >>